Il y a un moment dans la vie d'un chrétien où l'on se lasse d'être tiède.
Un lundi matin, on se réveille et on sent que le joug du monde nous pèse plus que d'habitude. On prend soudain conscience que ce poids est là depuis longtemps, trop longtemps et qu'il ne nous quitte vraiment totalement jamais. Ce matin, il nous écrase.
Pourtant, la veille, le culte nous avait tellement bénis : les louanges nous avaient transportés, la communion fraternelle nous avait encouragés et rassurés, le message du pasteur, nous avait bouleversés. Mais, voilà, ce matin, il nous faut repartir dans le monde, vers nos occupations quotidiennes, retrouver le stress d'un travail prenant, d'un chef exigeant et au caractère changeant comme un ciel normand, de collègues difficiles ou railleurs. Ou pour d'autres, c'est l'angoisse des responsabilités familiales, de l'éducation des enfants et des adolescents si fragiles, de la gestion d'un foyer...
On est soudain fatigué de cette vaine façon de vivre où l'enthousiasme, le zèle et la joie de notre vie nouvelle en Jésus-Christ ont fait place depuis longtemps à la tiédeur, à la demi-mesure, au compromis.
Certes, nous sommes encore sûrs de notre Salut. Nous avons cru et nous croyons au Seigneur Jésus et nous le proclamons : Jésus-Christ est le Fils de Dieu, Il m'a sauvé personnellement par son Sacrifice à la Croix, Il a expié mes fautes, payé ma dette, pardonné pour toujours mes péchés.
Mais cette joie de notre Salut ne se traduit plus depuis longtemps dans notre vie au jour le jour. Nos moments de vraie joie en Dieu sont fugaces, partiels, souvent circonscrits au domaine de l'église locale. Nous avons oublié « le premier amour » (1), ces quelques mois, quelques semaines, quelques jours qui ont suivi notre conversion et où tout était nouveau, où tout en nous et autour de nous brûlait pour notre Sauveur !
Que s'est-il passé ? Pourquoi et comment en sommes-nous arrivés là ? Pourquoi ce feu ardent s'est-il refroidi ?
Nous ne pouvons plus nous satisfaire de cette vie charnelle où nous ne vivons pas pleinement ce que nous croyons, où Jésus-Christ est notre Sauveur mais pas tout à fait notre Seigneur, et où nous ne sommes toujours pas « devenus ce que nous sommes ». (2)
Il faut que cela change ! Nous avons besoin de nous laisser transformer (3) par l'Esprit du Seigneur, nous avons besoin de connaître davantage notre Dieu pour mieux vivre en sa présence (4).
Certainement, dans le cours de notre vie, à un certain moment, nous avons refusé d'obéir. Nous avons préféré un plaisir trompeur au vrai bonheur. Sans aucun doute possible, il existe des domaines que nous avons refusé de soumettre au Seigneur et d'abandonner.
Peu à peu, ces domaines sont devenus plus importants, jusqu'à parfois se transformer en de véritables forteresses du péché dans nos cœurs.
Nous prenons soin de cacher ces péchés aux yeux des autres dans notre église et même aux yeux du monde, car notre conscience nous accuse.
Souvent uniques, ces péchés tenaces peuvent être l'adultère, l'habitude du mensonge, l'alcoolisme, le jeu, la drogue, la pornographie, l'amertume, le refus de pardonner, un caractère querelleur, un caractère colérique, l'orgueil intellectuel, la jalousie, la peur des autres, l'amour de l'argent... Chacun sait très bien pour soi-même de quoi il s'agit.
Ce péché secret, Dieu veut que nous l'abandonnions.
Il est impossible de progresser sans cela. Il est impossible de vivre dans la plénitude de l'enseignement du Christ, sans que ce péché soit éradiqué une bonne fois pour toute de notre vie.
En refusant d'obéir à ce commandement du Seigneur, nous empêchons le Saint-Esprit d'agir pleinement dans nos cœurs et nous ne pouvons pas porter du fruit.
Pourtant en ce lundi matin, nous devrions expérimenter et goûter ces fruits de l'Esprit. Le pasteur l'a si clairement exprimé et cela nous a touché hier (5) : « Ne jetez pas vos perles aux pourceaux. » (6) Nous disposons de tant de richesses en Christ et qu'en avons-nous fait ? Nous comprenons que nous avons besoin de pureté, de purification, de sanctification et maintenant que nous avons pleinement conscience, nous pouvons le décider et le demander au Seigneur ! Nous savons que tout ce que nous demandons au Seigneur selon sa Volonté, nous l'obtenons. Soyons donc sûrs que si nous lui demandons la pureté, Dieu va nous la donner !
Nous voulons connaître et goûter tous les fruits de l'Esprit pour vivre comme Dieu le demande, en sa présence et de manière irréprochable. Notre cœur aspire à ce bonheur-là, à cette paix et à cette joie et nous savons bien qu'en désirant cela, c'est déjà le Saint-Esprit qui travaille en nous.
II. Une décision
Ce désir est si fort qu'il a abouti à cette décision qui, nous l'espérons, va transformer notre vie !
David Wilkerson (7) explique qu'il s'agit là de la première des quatre étapes nécessaires pour se débarrasser de ce qu'il nomme la forteresse du péché ou sa « Jéricho personnelle ».
On ne peut vivre une vie remplie de la présence du Seigneur sans en apprendre davantage sur Dieu, ce qu'Il est et sur ses attributs. Plus on connaît de choses sur Dieu, plus on connaît de choses de Dieu. (8) Plus on connaît Dieu dans son Être, plus on s'émerveille de Sa Personne et plus ainsi sa Volonté sera claire pour nous. En effet, quand vous pouvez dire d'une personne que vous la connaissez bien, je crois que vous pouvez dire aussi ce qu'elle aime ou ce qu'elle veut ou voudrait dans telle ou telle situation. Il en est de même avec Dieu. Plus encore, tandis que des personnes peuvent tricher, cacher leurs véritables sentiments ou souhaits et donc nous induire en erreur sur ce qu'elles pensent vraiment, Dieu veut que nous le connaissions, de mieux en mieux et que nous soyons de plus en plus proches de Lui. Il veut que nous recherchions sa présence, sa Face ! Daniel Lacey disait que rien ne pouvait faire plus plaisir à Dieu que de voir un de ses enfants désirer voir Sa Face ! Psaume 27 : 8 : « Mon coeur dit de ta part : Cherchez ma Face ! Je cherche ta Face, ô Eternel ! »
Pour Wilkerson, nous avons absolument besoin de renouveler nos visions (c'est à dire la façon dont nous voyons) de Dieu.
Il prend l'exemple d'un homme de Dieu de l'Ancien Testament, Josué et de son combat contre Jéricho.
Alors que Josué vient de traverser le Jourdain, il a une vision du Seigneur qui se présente à lui comme « l'Eternel des Armées ». Josué 5 :13-15 : « Comme Josué était près de Jéricho, il leva les yeux, et regarda. Voici, un homme se tenait debout devant lui, son épée nue dans la main. Il alla vers lui, et lui dit: Es-tu des nôtres ou de nos ennemis? Il répondit: Non, mais je suis le chef de l'armée de l'Éternel, j'arrive maintenant. Josué tomba le visage contre terre, se prosterna, et lui dit: Qu'est-ce que mon seigneur dit à son serviteur? »
Le Seigneur se tient devant Josué, tenant son épée nue à la main, commandant une armée céleste prête à combattre.
D'après l'auteur, Dieu se révèle en tant que l'Eternel des Armées uniquement à ceux qui sont véritablement déterminés à marcher dans la pureté. Les chrétiens tièdes, ceux qui ont fait la paix avec leur péché secret, qui s'en accommodent, tous ceux qui n'ont pas décidé de lui déclarer la guerre ne peuvent voir Dieu ainsi.
Le Jourdain symbolise cette limite que nous devons franchir. Décider de quitter le désert d'une vie morne et errante, pour entrer sur le territoire de l'ennemi où sont fermement bâties les murailles si impressionnantes de notre péché tenace. C'est une forteresse ténébreuse contre laquelle il va falloir lutter.
En faisant cela, en décidant de la lutte, dès que nous avons pris pied sur l'autre rive, l'ennemi le sait et il sait aussi que cette fois, c'est du sérieux, que nous ne sommes plus inoffensifs mais réellement offensifs !
Il s'agit d'une déclaration de guerre et nous allons avoir besoin de toutes les armes que Dieu met à notre disposition.
III. Ne plus se confier en la chair
La seconde étape nécessaire est de comprendre que la chair ne peut rien dans ce combat spirituel. Ce que demande le Seigneur à ce moment-là peut paraître surprenant. Alors que l'armée de Josué est prête à combattre, Dieu ordonne que tous les combattants soient circoncis.
La leçon spirituelle est claire : il faut accepter de cesser de se confier dans ses propres capacités, dans ses propres forces.
Aucun enthousiasme, aucun zèle, aucune force humaine ne suffisent pour gagner cette guerre. Il faut à tout prix comprendre combien nous sommes faibles. Ceux qui ont essayé de se débarrasser de leur mauvaise habitude ont chuté et rechuté tant de fois. Combien ont essayé de renoncer seuls à l'adultère, à l'alcool, à la jalousie, à la pornographie, à la peur ou au mensonge et ont finalement été vaincus ?
La circoncision a rendu ces guerriers totalement faibles physiquement pendant plusieurs jours et c'est ce que voulait Dieu, car Il voulait leur apprendre à ne compter que sur sa Force à Lui en leur faveur.
Ce que je trouve merveilleux, c'est de comprendre que le Seigneur nous dit finalement que ce combat n'est pas le nôtre, mais le sien ! Il est notre défenseur et Il veut que nous le laissions combattre à notre place !
Alors faisons-lui confiance, à Lui seul, car être prêt pour la guerre contre le péché tenace, c'est ne plus avoir confiance en nous-mêmes, en nos soi-disant forces.
IV. Se confier dans le Sang de Jésus
Quand on relit l'origine de la Pâque dans Exode 12, on se souvient que le but de Dieu était de protéger son peuple de la destruction par Dieu Lui-même à cause du péché et de l'impureté, à cause de la rébellion et de la désobéissance, à cause de notre imperfection.
Qui peut prétendre ne plus pécher (9)? Qui peut se dire parfait ?
Comment dans ce cas, être capable de s'attaquer à notre forteresse, à ce péché qui nous fait chuter encore et toujours depuis tant d'années ? L'ennemi ne profitera-t-il pas de nos moindres faiblesses dans bien d'autres domaines, de nos péchés involontaires, de nos moindres défaillances pour chercher à nous décourager et à nous culpabiliser ? Et c'est ce qu'il fait en réalité !
Mais nous devons nous souvenir que nous ne sommes plus sous la condamnation, car par la foi au sacrifice de Jésus-Christ pour nous, nous sommes protégés et justifiés par son Sang !
Sûrs de notre Salut, nous pouvons alors marcher contre la forteresse, en vainqueurs !
V. Accepter de faire face et marcher
Nous pouvons déduire du texte de David Wilkerson, qu'il y aurait deux types de chrétiens charnels : ceux qui refusent de reconnaître qu'il y a bien un péché tenace dans leur vie et ceux qui en sont conscients mais qui refusent de combattre.
Dans les deux cas, les conséquences sont catastrophiques. Certains ont tout perdu : divorce, famille détruite, perte de respect de soi et des autres, alcoolisme. Parfois même, c'est l'église locale qui en souffre.
Vous refusez de voir cette mauvaise habitude comme un péché grave aux yeux de Dieu ? La jalousie, c'est bien peu de chose, vous dites-vous peut-être ? Ou encore vous pensez que la médisance ne fait pas tant de mal que ça ? La pornographie ? Personne ne le sait, ça ne fait de tort à personne, vous obstinez-vous ? Sachez bien que le Seigneur ne plaisante pas avec le péché et la colère de Dieu n'est pas une plaisanterie !
Il faut donc que ce péché disparaisse !
Et voilà ce qui est extraordinaire dans l'expérience de Josué et de ses guerriers : le Seigneur ne leur demande pas d'attaquer frontalement la forteresse de Jéricho, mais simplement de...marcher !
Sept jours de marche autour de la ville fortifiée, dans la foi, dans l'obéissance, dans la confiance et au bout de sept jours, les murailles s'effondrent, ses fondements rasés.
Comment est-ce possible ? Il ne fait aucun doute que c'est l'armée céleste, Dieu Lui-même qui a œuvré et combattu dans le monde invisible à la place de l'armée de Josué.
Josué et son armée ne sont pourtant pas restés à ne rien faire, assis, les bras croisés.
Il leur a fallu d'abord beaucoup d'humilité à ces guerriers hébreux, fiers et bien équipés pour obéir à cet ordre qui a dû leur paraître bien étrange, de simplement marcher.
Mais c'est pourtant ce que le Seigneur nous demande aujourd'hui. Marcher en toute humilité, simplement dans l'obéissance et le respect de notre Seigneur.
Dans Galates 5 : 16, Paul nous dit : « Marchez selon l'Esprit et vous n'accomplirez pas les désirs de la chair. » Faisons confiance au Seigneur, marchons, vivons conformément à Sa Volonté, si clairement exprimée dans sa Parole.
Comment connaître la Volonté divine ? En étudiant sa Parole, où elle est exposée pour tous les temps, tous les hommes et de manière absolue.
Comment mieux connaître Dieu ? En étudiant sa Personne où Il se révèle, c'est à dire dans sa Parole.
Par le Saint-Esprit, sa Parole devient vivante en nous et nous fait comprendre ce qui est nécessaire que nous comprenions.
Étudions Sa Volonté, cherchons Sa Présence, laissons-nous guider par le Saint-Esprit. Je suis persuadé que si nous péchons, le bon Esprit de Dieu ne laisse pas notre conscience tranquille et nous avertit. Je crois qu'en tant qu'enfant de Dieu, nous savons très bien quand nous faisons le mal.
VI. Libres dans la Sainteté
Ne soyons pas laxistes ou permissifs avec le péché, car notre Dieu est Saint et Redoutable. Apprenons à haïr le péché et à aimer le Seigneur. L'aimer, c'est Lui obéir et lui obéir, c'est être enfin pleinement heureux et pleinement libre ! Libre du péché et de ses conséquences si terribles dans nos vies et celles de nos proches.
Mettons-nous sous le joug du Seigneur Jésus, si doux et si léger à porter !
« Ma grande force, c'est le Seigneur,
Il est venu à mon secours.
Il est mon Dieu, je le louerai,
Il est le Dieu de mon père,
Je proclamerai sa grandeur.
Le Seigneur est le héros des combats,
Il mérite bien son nom : le Seigneur. » Exode 15:2-3 (version français courant)
Jean-Luc
(1) Apocalypse 2:4 : « Mais ce que j'ai contre toi, c'est que tu as abandonné ton premier amour. » (2) « Devenez ce que vous êtes » est le titre d'un livre de psychologie appliquée de Nicolas Proupain paru en 2009. Loin de cette méthode où l'homme se sort de ses ennuis par lui-même, cette expression est reprise régulièrement par le pasteur Jamel Attar dans ses prédications pour évoquer que le chrétien doit progressivement devenir dans sa vie quotidienne ce qu'il est déjà aux yeux de Dieu et dans sa position en Christ, notamment par l'action de la sanctification. (3) Alfred Kuen, Laissez-Vous transformer, Éditions Emmaus, 2005 (4) Genèse 17:1 « Vis toujours dans ma présence et sois irréprochable. » (version français courant). (5) Prédication du Pasteur Yvan Schneider du dimanche 1er juillet 2012 (6) Matthieu 7:6 (7) David Wilkerson, Que tes Noms soient sanctifiés, Editions Vida, 2003. David Wilkerson était un pasteur protestant évangélique américain. Il est décédé en 2011. (8) James Packer, Connaître Dieu, Éditions Grâce et Vérité, 1973 (2005 pour l'édition française). Le docteur JI Packer est un théologien anglais anglican né en 1926. Il a écrit ou co-écrit près d'une centaine d'ouvrages. (9) Voir 1 Jean1:8-10